Las vulpess
Las vulpess signifie en latin " les salopes ". Elles (Mamen,
Loles, Lupe et Begona) ont entre 17 et 19 ans quand elles décident
de créer ce légendaire groupe de punk basque au début
des années 80. Originaires de Bilbao, ces quatre filles irrévérentes
et politiquement incorrectes sont devenues connues sans vraiment le chercher.
Le bazar médiatique autour d'elles finit par détruire le
groupe en raison d'une erreur historique : le punk n'aurait pas du aller
au delà de la rue.
A l'époque personne ne compris ce qu'elles voulaient transmettre
et leurs concerts se transformaient en véritables batailles d'insultes
et d'intimidations de la part du public masculin. Un jour elles jouèrent
dans la salle " el dorado ", dans le quartier de kabieres, un
district de Bilbao plein de marginaux, ouvriers et chômeurs. A la
quatrième chanson des vulpess l'ambiance devint insupportable :
le public menaçait de les taper à la sortie , on essayait
de leur toucher le cul, tout le monde leur criait des insultes machistes
et heureusement à la cinquième chanson l'ampli guitare a
cramé et le festival s'interrompit, tout cela aurait pu très
mal se terminer.
Une semaine plus tard, Carlos Tena parti à Bilbao pour enregistrer
un quatrième groupe à " la jaula " où on
lui conseilla les vulpess comme curiosité. Ils enregistrèrent
donc un clip reprenant Iggy Pop et les stooges " I wanna be your
dog " qu'elles intitulèrent " me gusta ser una zorra
" (j'aime être une salope ). Le matin du samedi 16 avril 1983,
ce clip fut diffusé à la télé dans une émission
appelée " caja de rituros " (boite à rythme) aux
heures d'audiences juvéniles devant des milliers de spectateurs.
Le jour suivant le journal ABC (équivalent paris match) entama
une campagne de discrédit contre TVE (télévision
espagnole publique) qui déboucha sur la suspension de l'émission
et propulsa le groupe vers un succès démesuré.
" on pensait que la chanson serait censurée, qu'ils mettraient
des bips là où on dit des trucs " déplacés
"
on aime être comme on est et on pense que personne
ne devrait être scandalisé que nous disions que nous nous
masturbons car c'est naturel, tout le monde le fait. C'est pire de passer
des films violents ou d'obliger les enfants à suivre un type de
religion
" (Loles)
elles furent sur les couvertures de toutes les publications et les plumes
les plus prestigieuses du pays eurent une parole pour elles, même
le magazine " lib " leur proposa de poser nues. Mais ce furent
les magazines musicaux qui jetèrent le plus d'huile sur le feu
car froissés que les regards ne se tournent plus sur leur "
movida madrilena " et du coup ils les pourrirent : " une
chanson mal composée et une interprétation catastrophique
" et une ridicule critique qui considérait qu'elles n'écrivaient
pas elles mêmes leurs paroles.
Dans une boite d'Alicante le public leur demanda de se déshabiller,
dans les loges du " rock ola " elles se firent tabasser par
les vigiles. Tout se retourna contre elles, le succès qu'elle ne
demandaient pas fini avec leur courte trajectoire et le groupe splitta
plus tôt que certains l'auraient souhaité. Quelques année
plus tard elles se regroupèrent pour jouer avec kortatu qui préparaient
alors leur premier album, et ce fut le plus bel au revoir qu'elles purent
avoir après tant de misère et de déceptions. Elles
purent enregistrer un superbe maxi deux titres ( " me gusta ser una
zorra ", Dos rombos) une pièce de collection que munster records
a réédité il y quelque temps.
Après tout ce temps, on se demande pourquoi les vulpes furent si
connues, pour leur attitude ? pour leur musique ? ou pour tout le remue
ménage qu'il y eut autour d'elles ? l'injuste histoire c'est en
tout cas répétée, certains tirèrent profit
d'un groupe qui ne toucha pas une pésete et qui dut esquiver des
pains de tous les cotés. Ce qu'il y a d'intéressant dans
tout ça c'est qu'on peut voir un peu de la réalité
de l'époque, quand la punk apparaissait comme une force incontrôlable
dans les rues et les médias. Il résultait d'une jeunesse
qui sentait le besoin de s'exprimer et de se faire remarquer, comme ailleurs
dans le monde. Tout cela n'aurait pas pu être possible sans que
de nombreux groupes initiateurs se confrontent aux nombreux préjudices,
discriminations et rejet social. Cette scène grandit basée
sur la provocation et le no future. Maintenant tout est plus en relation
avec la politique, l'autogestion (qui a toujours été de
rigueur dans le milieu). Las vulpess ressentirent cela à un certain
moment mais se montrèrent à travers les médias ;
on sait ce que cela leur coûtât.
A partir de deux textes trouvés sur Internet traduit de l'espagnol
par Emilie the strange.
|